Retour sur le colloque Blondel

La question de l’expérience mystique a permis de revisiter les débats passionnants qui animaient les philosophes, sociologues et psychologues dans la première moitié du XXe siècle. Dans ce contexte, l'héritage de Blondel demeure pertinent. Après L’Action (1893), son texte Le problème de la mystique (1925) permet au philosophe comme au théologien de penser la vie spirituelle dans son dynamisme intégral. Pour lui, comme pour d’autres philosophes tels que Bergson, Maritain, Simone Weil et Gabriel Marcel, la vie mystique n’est pas l'apanage exclusif d'une élite. Aujourd’hui comme hier, beaucoup réduisent la mystique aux phénomènes extraordinaires, voire à une illusion pathologique, ou à une gnose. Pour Blondel, elle constitue l’aboutissement de la quête de sens de l’homme et, pour le chrétien, le sommet de sa vie morale et spirituelle : l’homme se rend alors docile à l’action de Dieu, au cœur de sa contemplation comme de son agir dans le monde.  

Les échanges après les conférences et la table ronde finale ont mis en évidence l’originalité et la fécondité de la pensée de Maurice Blondel. Qualifiée par l'un des participants d’une philosophie "à la fois exigeante et hospitalière", elle allie rigueur d’analyse et ouverture aux données multiples de l’expérience comme aux positions contraires. Profondément engagé dans les débats de son époque, le philosophe d’Aix a parfois été mal compris. Il a influencé de nombreux théologiens qui ont à leur tour inspiré les travaux du Concile Vatican II. Sa cause de béatification a été récemment initiée dans le diocèse d’Aix-en-Provence.  

La soirée du vendredi 17 novembre a été dédiée à des expressions picturales, poétiques et musicales, reflétant la nature ineffable de la mystique. Le site de Notre-Dame de Sainte-Garde, baigné dans la si belle lumière automnale, a offert un cadre apprécié par l'ensemble des participants. 

Pierre de Cointet