Session de rentrée du Studium autour du livre de La vie de sainte Thérèse d'Avila

En écho au cinquantenaire de la proclamation de Thérèse d'Avila, docteur de l'Eglise, l'année académique 2020-2021 a débuté, avec le concours du P.Jean-Marie Laurier, par une série de conférences des professeurs du Studium autour du livre de La vie de la sainte réformatrice du Carmel.

La 45ème rentrée du Studium aura été marquée par une session exceptionnelle autour du livre de La Vie de Thérèse d’Avila, première femme reconnue docteur de l’Eglise le 27 septembre 1970. Avec le Père Jean-Marie Laurier* qui présidait ces trois jours, les professeurs du Studium ont chacun apporté leur regard sur cette œuvre majeure, en alternance avec des temps consacrés à la lecture personnelle des étudiants, guidés par quelques questions. Un parcours à travers la vie d’oraison de la sainte réformatrice qui a permis de mettre en valeur la grâce du Carmel à laquelle le Studium est vivement attachée. 

Introduction au livre de la vie

Le P. Laurent Ortega a commenté, en guise d’introduction, l’homélie prononcée par le pape Paul VI à l’occasion de l’acte de reconnaissance de doctorat. Cet acte ecclésial a valorisé l’état de ''mère des spirituels'' de celle que les Carmes surnomment ''la madre'', et son principal message, l’oraison. Le P.Jean-Marie Laurier a poursuivi en retraçant l’histoire de la rédaction du livre et sa structure. L’oraison y présentée au fil du récit de vie mais aussi expliquée à travers l’image du jardin arrosé. Vendredi après-midi, la sœur Marie-David Weill a mis en valeur l’importance de l’expérience spirituelle vécue de sainte Thérèse, femme castillane du XVIème siècle reconnaissant sa faiblesse et son ignorance en théologie certes, mais avant tout '' ign-orante, priante de feu'' ! (ignis : le feu). Le P. Jean-François Lefebvre a éclairé pour sa part le combat intérieur de la sainte pour conquérir la véritable liberté, fruit de sa fidélité à l’oraison qui la guérit peu à peu. En clôture de cette première journée, le P. Laurent Ortega a montré enfin comment vivre d’amour fut un processus long, que la sainte a vécu en demeurant fidèle à sa vocation de servante de Dieu sur le chemin personnel qu’Il lui avait préparé.

Lundi matin, le P. Gilles Garcia s’est attardé sur la vision de l’enfer relatée par le chapitre 32 de La vie. L’enfer est ce qui nie tout ce qui fait de nous des personnes heureuses : anonymat, inquiétude, ténèbres, isolement… Cette vision fût une grâce pour sainte Thérèse parce qu’elle produisit en elle une immense compassion qui la conduisit à l’action apostolique. C’est en effet peu après qu’elle entreprit la fondation du couvent saint Joseph d’Avila. Le P. Etienne Michelin a repris de façon détaillée l’histoire de cette première fondation et la simplicité de la sainte dans un contexte qui lui était entièrement défavorable. Thérèse est saisie par Dieu et se laisse conduire dans l’obéissance au service de l’Eglise corps du Christ.

Une session ouverte aux échanges

Lundi après-midi, le P. Bernard Minvielle s’est penché sur l’exemple de deux lecteurs de La Vie profondément marqués par les mots de sainte Thérèse, sa vie et son expérience mystique : la jeune philosophe juive, alors disciple de Husserl et future Thérèse-Bénédicte de la Croix canonisée en 1998, Edith Stein ; et Fabrice Midal, philosophe bouddhiste auteur de nombreux best-sellers de développement personnel. Le P. François Girard a précisé de son côté la métaphore de l’oraison chère à Thérèse : celle du jardin à arroser, avec ses étapes, depuis le rude travail de l’eau tirée dans un puits à la pluie de grâces, en passant par l’effort d’arrosage avec une noria jusqu’à l’inondation par l’eau de la rivière.

Lors du dernier jour, le P.François-Régis Wilhélem a souligné le lien entre déploiement de la vie d’oraison et progrès dans la vie de vertu, grâce à la croissance de la charité et la purification par la grâce. Le P.Claude Sarrasin a, quant à lui, abordé le livre de La vie à travers l’amour de Jésus, lui qui s'est incarné pour qu’on puisse le rencontrer. L’humanité de Jésus joue un rôle décisif dans la vie de prière dans la vie de Thérèse, a-t-il insisté. Dans l’après-midi, le P. Etienne Jonquet a montré comment sainte Thérèse a pu accéder à la Bible – interdite aux fidèles - par d’autres livres qui la citait, et comment elle a surtout trouvé en Jésus ‘’le livre vivant’’ qui l’instruisit. Le P. Pierre Coulange a poursuivi par le rapprochement de ‘’Jésus, livre vivant pour sainte Thérèse’’ et ‘’La vie, livre vivant pour son lecteur’’ : comme Jésus s’est imprimé en sainte Thérèse, elle s’imprime en nous lorsque nous lisons sa vie. Enfin, le P. Jean-Marie Laurier a conclu par les liens entre La vie et le Livre des demeures, synthèse qui déploiera la vision de l’âme comme un château intérieur. A partir de la fondation du Carmel saint Joseph, Dona Teresa devient Thérèse de Jésus. Elle surmonte les péchés par l’amour, est ravie par l’amour et entre dans un style de vie toute donnée au Christ. Elle passe ainsi d’un « je veux voir Dieu » du désir au « je suis fille de l’Eglise » des œuvres apostoliques.

* Le Père Jean-Marie Laurier, bien connu des membres de l'Institut Notre-Dame de Vie dont il fait partie, est un spécialiste reconnu de sainte Thérèse de Jésus et de saint Jean de la Croix. Il donne régulièrement des sessions sur leurs oeuvres principales au Studium et ailleurs dans le monde.

L'amphithéâtre où a eu lieu la sessionPour les étudiants, la joie des retrouvailles et de l’accueil des nouveaux – TEMOIGNAGE

« À année particulière, rentrée particulière. Pourtant, au premier abord, on pourrait penser qu’il s’agit d’un début d’année comme les autres. Mais en s’approchant des groupes, on ne voit plus que deux grands globes, bleus, gris, marrons ou verts ! Seule la voix se fait entendre, accompagnée du regard pénétrant de l’interlocuteur. Nous découvrons une autre manière de nous sourire, du fond de ses yeux, qui attise la curiosité. L’obstacle dépassé, la joie nous emplit de nous retrouver, d’apprendre à nous connaître. Beaucoup se connaissent, mais sur les cinquante étudiants, il faut bien que certains renouvellent les effectifs. Nous sommes donc heureux d’apprendre qu’une nouvelle communauté, voisine du Studium, vient se joindre à nous : quelques membres de Palavra Viva, qui œuvre au sanctuaire de Saint Gens. Dans l’équipe d’administration aussi, nous accueillons un nouveau venu. Après 18 ans de bons et loyaux services, Marie Vandekerckhove laisse en effet son siège d’économe du Studium à Monsieur Vianney Comerre, qui prendra soin de nous à plein temps. »  Damien Jaillet